Louise de Bettignies, la «Jeanne d’Arc du Nord» :
un espionne française pendant la Grande Guerre
Louise Marie Jeanne Henriette de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à Saint-Amand-les-Eaux, morte le 17 septembre 1918 à Cologne, est un agent secret français qui espionna, sous le pseudonyme d’Alice Dubois, pour le compte de l’armée britannique durant la première Guerre mondiale
Lilloise depuis 1903, elle décide, dès l’invasion allemande de la ville en octobre 1914, de s’engager dans la résistance et l’espionnage. Polyglotte (français-anglais-allemand-italien), elle dirige depuis son domicile de Lille un vaste réseau de renseignements dans le Nord de la France pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service. Sous le pseudonyme d’Alice Dubois, elle centralise des informations sur les opérations de l’armée allemande qui, via la Dame blanche, réseau de renseignements de Walthère Dewé en Belgique, sont transmises aux Britanniques par les Pays-Bas restés neutres. On estime qu’elle sauve la vie de plus d’un millier de soldats britanniques pendant les 9 mois de sa pleine activité (janvier à septembre 1915).
Son réseau, le réseau Alice 15 d’une centaine de personnes signala le jour et l’heure de passage à Lille du train impérial transportant le kaiser en visite secrète sur le front. Lors de l’approche de Lille, deux avions anglais surgirent et bombardèrent le train, mais manquèrent leur cible. Le commandement allemand ne comprenait pas la situation unique de ces quarante kilomètres de front « maudits » (tenus par les anglais) sur près de sept cents kilomètres de front. L’un des derniers messages de Louise de Bettignies fut d’annoncer la préparation d’une gigantesque attaque allemande pour début 1916 sur Verdun. L’information fut relayée au commandement français, mais celui-ci refusa d’y croire.
Louise de Bettignies est arrêtée par les Allemands le 20 octobre 1915 près de Tournai et condamnée à mort le 16 mars 1916 à Bruxelles, puis sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. Détenue pendant 3 ans, elle meurt le 27 septembre 1918, à l’hôpital Sainte-Marie de Cologne, des suites d’un abcès pleural mal opéré.
Sa dépouille est rapatriée le 21 février 1920 et, le 16 mars 1920, une cérémonie funéraire est organisée à Lille au cours de laquelle elle reçoit à titre posthume la croix de la Légion d’honneur, la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l’ordre de l’empire britannique. Son corps est inhumé au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.